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Formation des aidants

Rétablir une communication signifie permettre aux interlocuteurs de concevoir la nature des troubles et des capacités épargnées par l'aphasie. Il s'agit d'acquérir un savoir faire, de manière à utiliser les stratégies qui marchent pour réparer les échanges dans la conversation, et d'acquérir la compétence à utiliser un outil de communication
Le rôle de l'orthophoniste va être de guider et d'éduquer les partenaires pour les amener à être compétent dans l'utilisation du support C.COM au quotidien, lors des blocages des échanges

Le professionnel a construit un outil en fonction de son usage : l'outil va réparer la communication malgré l'aphasie.
Il l'a adapté finement aux utilisateurs.
Mais sa tâche n'est pas terminée, il va falloir maintenant se centrer sur les partenaires.

Dans une structure d'accueil : l'interlocuteur institutionnel.

Et en famille tout particulièrement le proche aidant.


L'installation du C.COM mobilise la dyade constituée du patient aphasique et de son locuteur afin d'établir une collaboration profitable à la conversation. Le sens du message est transmis par pointages, dans une collaboration étroite avec la personne aphasique. Cette collaboration repose en priorité sur l'éducation du proche, son implication et son niveau d'expertise.
Dès 1995, A. Kagan [1] souligne l'importance de la capacité de l'interlocuteur à « démasquer la compétence à communiquer de la personne aphasique » afin de limiter les obstacles à la communication, décentrant les partenaires de l'incapacité au langage.
Puis en 1999, Michallet, Le Dorze et Tetreault témoignent du rôle actif et impliqué de l'interlocuteur, qui soulage l'échange, et permet de conserver une communication [2]. Comment l'amener à acquérir cette compétence ? En 2001, De Partz [3] souligne l'importance d'un accompagnement spécifique à destination de l'entourage : « Il serait naïf de penser que la simple lecture des conseils suffise aux partenaires de la personne aphasique à intégrer de nouveaux comportements de communication» [6]. Gonzalez et Brun en 2007 [4] mettent en lumière le rôle du partenaire dans la prise en main de l'interaction. Ils insistent sur la nécessité de développer sa connaissance de la nature des troubles pour savoir s'y ajuster, et de l'entraîner à piloter l'échange.

Installer un classeur de communication comporte une étape essentielle : l'accompagnement thérapeutique de l'aidant. 

Il s'agit d'une action éducative visant à lui donner une compétence (et le guider vers une expertise) dans l'utilisation du support.

Le partenaire doit être accompagné dans la compréhension des mécanismes sous-tendant les troubles aphasiques, et entraîné concrètement à son rôle prépondérant dans les réparations, dans un équilibre qui restera inégal entre la personne cérébro-lésée et son partenaire sain.

 

  • Compréhension des troubles aphasiques : il est indispensable d'une part de l'éclairer sur la nature des déficiences qu'il devra contourner. Cet éclairage constitue le socle de nouveaux ajustements. A défaut, ses stratégies d'adaptation resteront centrées sur des schémas du fonctionnement antérieur et une représentation souvent inappropriée du fonctionnement actuel.

 

  • Accompagnement thérapeutique de l'aidant : il s'agit d'autre part d'amener le partenaire à prendre appui sur les processus encore opérants, et à contourner les processus altérés verbaux et non verbaux. L'objectif éducatif est d'améliorer ses stratégies de restauration des échanges, et ses capacités à reconnaitre et à utiliser des médiateurs qui véhiculent l'information. Des mises en situations concrètes d'échange lui permettent de comprendre et d'éprouver les stratégies efficaces. Et de les ancrer dans son comportement.


Ainsi au fil des installations et des analyses de pertinence, l'outil C.COM associé à une procédure indispensable d'installation et d'utilisation adaptée  montrent leur efficacité dans le maintien des échanges au quotidien, dans le cadre d'une structure de soins équipée et formée (Gonzalez I, Joseph PA, et al.) [5] comme au sein de la cellule familiale, entre la personne aphasique et son partenaire privilégié de communication (Charteau C, Regnier P.) [6] (Leblanc P. et Ducay G.) [7]

 

1- KAGAN A. Revealing the competence of aphasic adults through conversation: A challenge of health professionals. Topics in stroke rehabilitation : 1995 : 15- 28.

2- MICHALLET B, LE DORZE G , TETREAULT S. : Aphasie sévère et situations de handicap, implication en réadaptation ; Ann Réadaptation Méd Phys : 1999 ; 42 : 260-270.

3- DE PARTZ, M.P. Une approche fonctionnelle des troubles aphasiques: l'analyse conversationnelle, Glossa : 2001 ; 75 : 4-12

4- GONZALEZ I, BRUN V. (2007) Communications alternatives et suppléances fonctionnelles. In : Mazaux JM, Brun V, Pelissier J. Aphasies et aphasiques. Paris, Masson.

5- GONZALEZ I, MARCHETTI S, PETIT H, MUNIER N, JOSEPH PA. (2013) Evaluation de l'efficacité du classeur du classeur de communication C.COM dans la communication pragmatique chez la personne aphasique sévère : PHRC APHACOM. GLOSSA, 113, Spécial XIII rencontres. http://glossa.fr/GLOSSA__Special_XIIIemes_rencontres-2-fr-1123.html

6- CHARTEAU C, REGNIER P. (2011). Mise en place d'un classeur de communication C.COM auprès de patients présentant une aphasie altérant sévèrement la communication et leur conjoint. Mémoire d'orthophonie. Université Claude Bernard Lyon 1 - Ecole d 'orthophonie http://docnum.univ-lorraine.fr/public/SCDMED_MORT_2011_CHARTEAU_CHLOE_REGNIER_PAULINE.pdf

7- DUCAY G., LEBLANC P. (2014) Impact de la formation du partenaire institutionnel dans l'utilisation d'un classeur de communication non standardisé dans le cadre de l'aphasie sévère : le C.COM. Etude de cas. Mémoire d'orthophonie. Université Lille 2 Droit et Santé – Institut d'orthophonie Gabriel Decroix

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